APRNEWS - Au Ghana, la compagnie minière australienne Atlantic Lithium a publié le 29 juin une étude de faisabilité définitive pour le projet Ewoyaa. Cet actif, destiné à devenir la première mine de lithium du Ghana, peut livrer 3,6 millions de tonnes de concentré de spodumène sur 12 ans, générant au passage 6,56 milliards de dollars de revenus sur cette période, contre 4,84 milliards de dollars dans l’étude de préfaisabilité de septembre 2022, soit une hausse de 36 %.

Pour concrétiser ce potentiel, l’étude précise néanmoins qu’Atlantic devra injecter 185 millions de dollars pour les travaux de construction, investissement qui sera récupérable au bout de 19 mois. Parmi les autres retombées financières du projet, notons l’EBITDA annuel de 316 millions de dollars et un flux de trésorerie disponible de 2,4 milliards de dollars, sur la durée de vie du projet. Ewoyaa affiche enfin une valeur actuelle nette de 1,5 milliard de dollars, avec un taux de rentabilité interne élevé, 105 %.

« L’étude de faisabilité définitive a réaffirmé les résultats économiques impressionnants et le potentiel de rentabilité du projet Ewoyaa Lithium, ce qui renforce la confiance dans la capacité d’Ewoyaa à devenir à court terme un producteur important de concentré de spodumène », s’enthousiasme logiquement Keith Muller, PDG d’Atlantic Lithium.

Il faut souligner que le développement de la première mine de lithium du Ghana ne devrait pas être retardé par la question du financement. En 2021, le fournisseur américain de matériaux pour véhicules électriques Piedmont Lithium s’est en effet engagé à financer les travaux de construction de la mine à hauteur de 70 millions de dollars, afin d’obtenir jusqu’à 50 % d’intérêts dans le projet et le droit d’acquérir 5 % de la production. Piedmont, qui livre notamment du lithium au géant électrique Tesla, complètera, à parts égales avec Atlantic, le reste du montant restant à mobiliser.

Quid de la transformation locale ?

Selon le calendrier indicatif proposé par Atlantic Lithium dans l’étude de faisabilité, Ewoyaa devrait commencer à produire de façon précoce en avril 2025, avant l’entrée en production complète de la mine en janvier 2026. Pour atteindre cet objectif, la compagnie s’attend à obtenir le permis minier puis la ratification du Parlement ghanéen pour juillet 2024.

Notons que la question de la production locale de carbonate ou hydroxyde de lithium à partir d’Ewoyaa n’a pas été abordée dans l’étude. Ces deux produits, issus de la transformation du concentré de spodumène, sont demandés sur le marché des batteries pour véhicules électriques et leur production au niveau local augmenterait certainement les revenus que le projet peut apporter au Ghana.

Alors que le gouvernement, qui détient réglementairement une participation de 10 % dans le projet, a affirmé récemment que le pays n’exportera pas de lithium sous forme brute, aucune information n’a filtré sur un projet de transformation au-delà du concentré prévu par Atlantic. Au cours des discussions pour la convention minière et l’octroi du titre minier, la question pourrait revenir sur la table, même s’il faudra surmonter divers obstacles pour concrétiser une telle ambition.

Au-delà de la transformation locale, il existe d’autres moyens qu’explore Accra pour maximiser la valeur apportée par Ewoyaa aux citoyens. À travers le fonds souverain axé sur le secteur minier, le Minerals Income Investment Fund (MIIF), le gouvernement souhaite investir au moins 30 millions de dollars dans Atlantic Lithium et convaincre la compagnie de coter ses actions sur la bourse du Ghana, permettant ainsi aux Ghanéens de devenir également des actionnaires.