Vous êtes ici
Back to topAPRNEWS: La chute d’Ali Bongo
APRNEWS: La chute d’Ali Bongo
APRNEWS- En clair, Ali Bongo et beaucoup de ses pairs africains n’ont jamais accepté les rêgles du jeu démocratique que l’Occident veut leur imposer. Plus grave sans doute pour sa survie politique, le président gabonais, diminué par un terrible AVC et mal entouré, a commis un certain nombre de graves erreurs d’évaluation qui ont précipité sa chute. Contrairement à Omar Bongo, fin politique et grand manipulateur, Ali Bongo aura été un dirigeant médiocre, incapable comme son père l’a fait avec talentde négocier un scrutin présidentiel en sa faveur avec les principales forces politiques et militaires d’un pays qu’il avait pris en otage.
Mondafrique revient sur les fautes politiques qui ont précipité la chute de ce dirigeant africain.
Avoir écarté Frédéric Bongo
Dès la mort de leur père Omar Bongo en 2009, Frédéric Bongo demi – frère d’Ali Bongo alors à la tête de la Direction Générale des Services Spéciaux (GDSS-Garde Républicaine) se met au service d’Ali Bongo. Ce gendarme de formation passé par L’académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et par L’école de Formation des officiers de Gendarmerie Melun avait rejoint son père Omar Bongo au Gabon où il avait intégré la Gendarmerie notamment la Direction Générale des Recherches (DGR) dont il avait pris la direction.
Nommé à la tête des services de renseignement de la Garde Républicaine (DGSS), Frédéric Bongo – aux méthodes brutales – avait veillé au grain pour que son frère accède au pouvoir et s’y maintienne. Homme redouté, il avait été écarté du pouvoir en 2019 par Sylvia Bongo (Ali Bongo était alors convalescent au Maroc) après la tentative de coup d’Etat menée (déjà) par des éléments de la Garde Républicaine. Le Colonel Frédéric Bongo avait été remplacé à la tête de la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS) par un autre colonel, un certain Brice Oligui Nguema…
Frédéric Bongo avait la confiance de la France et d’israel, deux pays qui apportent traditionnellement au Gabon leur expertise en matière de renseignement. Ali Bongo, en marginalisant son demi frère, s’est privé d’une courroie de transmission efficace et de plus, d’un remarquable professionnel sécuritaire.
Avoir vu en Sylvia Bongo une régente
Sylvia Bongo, l’épouse d’Ali Bongo, a toujours agi en co-présidente du Gabon si ce n’est en « Reine ». Alors que rien ne lui en donnait le droit, Sylvia Bongo participait activement à la gouvernance de son mari. C’est à elle qu’Ali Bongo avait demandé de faire un audit (confié au cabinet Mc Kinsey) sur la pauvreté au Gabon. Associée au culte de la personnalité de son mari, « maman Sylvia » comme ses thuriféraires l’appelaient avait la réputation non usurpée d’être méprisante même envers des éléments de sa propre garde.
Après l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d’Ali Bongo, le 24 octobre 2018 en marge de sa participation au « Davos du Désert » à Ryad lui avait conféré le pouvoir. C’est elle qui avait frappé d’oukase 18 hommes clé d’Ali Bongo et qui avait envoyé Frédéric Bongo la pièce maîtresse du système sécuritaire d’Ali Bongo en « exil » comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon en Afrique du Sud.
Avoir encouragé les ambitions monarchiques de son fils
Noureddine Bongo s’y voyait déjà ! « Prince héritier du Royaume du Gabon, Nono comme on l’appelle était confiant dans son avenir qu’il s’imaginait radieux, sinon royal. Alors qu’il était encore élève au très select Eton Collège, Ali Bongo n’avait pas hésité à le faire assister à une audience que lui avait accordé l’actuel roi d’Angletterre Charles III alors qu’il était encore prince.
Nommé coordinateur général des affaires présidentielles Nourredinne Bongo n’avait pas laissé un souvenir positif. Sa fameuse task-force s’était livrée à des pratiques pour le moins douteuses. Après avoir quitté la présidence du Gabon, Noureddine Bongo qui n’avait plus de fonctions administratives avait quand même pris part juste à côté du Ministre des affaires étrangères à la 77e Assemblée générale des Nations Unies qui s’est ouverte mardi 20 septembre 2023.
Avoir vidé l’élection de sa substance
En faisant voter puis appliquer plusieurs lois scélérates, Ali Bongo avait vidé le vote au Gabon de sa substance. Si depuis 1990 la fraude se faisait en aval, l’élection du 26 août 2023 avait le mérite d’être absurde en empêchant par exemple l’électeur de choisir librement et indépendamment un président de la République et un député.
Une volonté de diviser les électeurs – donc la contestation – qui a eu l’effet inverse. Les électeurs ont délaissé le vote des députés pour se concentrer sur celui du Président. Mascarade a tourné à la sanction…
Avoir mis le Gabon sous cloche
26 août 2023 (le jour du vote) au soir Ali Bongo fait couper Internet dans tout le Gabon pour « éviter la propagation d’appels à la violence » parceque la « La stabilité, la paix et l’unité (…) [du] pays sont les priorités absolues et nous devons tout faire pour les protéger ». Un des thuriféraires de la mesure n’a pas manqué d’arguments pour la justifier en expliquant sur la chaîne de télévision d’Etat (les chaînes étrangères ayant été suspendues) que cette coupure devait encourager les Gabonais à la lecture…
Avoir surestimé la loyauté de l’armée
La plus grande erreur d’Ali Bongo a été sans doute d’avoir surestimé la loyauté de l’armée notamment de la garde républicaine. Alors que l’armée avait été déployée dans tout le pays, lors de la proclamation des résultats par le CGE à 2 heures du matin heure locale, ordre avait été donné de maintenir l’ordre en réprimant la contestation des résultats qui était prévue.
L’armée, cette fois-ci, avait d’autres projets et a décidé de renverser Ali Bongo…
Avoir flirté avec le Commonwealth
Pour beaucoup, Ali Bongo a commis l’erreur d’entrer dans le Commonwealth en croyant y obtenir des soutiens de poids notamment de l’actuel roi Charles III qui lui faisait les honneurs de sa maison. À Londres, Ali Bongo se sentait cajolé et surtout croyait y avoir des amitiés solides et des soutiens fiables.
C’est sans doute à ces soutiens qu’Ali Bongo s’est adressé – en Anglais – pour appeler à l’aide.