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APRNEWS - Supposée cherté du Data mobile en Côte d'Ivoire : Il faut relativiser les choses

Opérateurs téléphoniques - Data mobile - Côte d'Ivoire
Lundi, 17 avril 2023

APRNEWS - Supposée cherté du Data mobile en Côte d'Ivoire : Il faut relativiser les choses

APRNEWS - Qu’il soit un moyen de pression à des fins idéologique, politique, économique ou sociale, le boycott s’inscrit dans les mouvances contemporaines d’engagements citoyens et militants. Faisant de longue date partie des moyens de contestation populaire, il connaît aujourd’hui un regain de dynamisme remarquable, notamment dans la sphère consumériste. Toutefois, sa vocation est souvent trahie quand on l’utilise comme un moyen e règlement de compte personnel. Cela dit, si la mise en œuvre d’un boycott peut sembler facile et peu coûteuse, son succès reste dépendant de nombreux facteurs. Cette réalité en fait d’ailleurs un couteau à double tranchant. 

Le boycott constitue le socle d’une morale en action, capable de s’exprimer de manière concrète et de s’incarner dans le quotidien de chacun. L'objectif de ce refus collectif est d'exercer des représailles ou de faire pression sur la cible pour qu'elle réponde à une demande précise. Mais la question fondamentale reste celle de savoir si les fondements de l’appel au boycott sont toujours raisonnables, si les raisons de sa mise en œuvre sont toujours pertinentes. Quelle est la vocation profonde de l’appel du député ivoirien au boycott des produits de la téléphonie mobile ? Ces interrogations sont d’autant plus justifiées que tout appel à une action collective de protestation peut constituer, dans le fond, une provocation publique, inutilement méchante, à la discrimination envers une ou plusieurs entreprises de même nature.

Avec justesse quelquefois, les critiques formulées par des opposants au boycott, en particulier économique, se focalisent très souvent sur son efficacité singulière. Soit ils la nient et attribuent au boycott un impact si marginal qu’il ne peut être pris en considération ; soit ils la reconnaissent, mais la présentent alors comme une arme à double tranchant, capable de se retourner contre ceux qu’elle est censée défendre. En vérité, les boycotts prennent plutôt, de nos jours, la forme d’événements ponctuels et symboliques. Ils suscitent chez certains, bien trop souvent, un sentiment d’absurdité ou encore de peur chez d’autres : quelles convictions ou quels types de représentations sous-tendent ces prises de position souvent très tranchées ? Alors, on peut raisonnablement se demander ce que vaut et ce que vise réellement l’appel au boycott de l’honorable Assalé Tiemoko ?

Pour y répondre efficacement, il convient d’analyser cet appel à l’aune de la sociodynamique ivoirienne. Sur le plan du fonctionnement de notre société, le boycott est perçu comme un mode d’action très faiblement ancré dans notre « répertoire d’action politique et économique. Aussi, chose non négligeable, sous nos cieux, la téléphonie mobile constitue plus un enjeu économique qu’idéologique. Le boycott est souvent tout à fait individuel et, même lorsqu’il existe un mouvement collectif de boycott, cela ne passe pas par un regroupement physique d’individus. La réalité est que l’acte de boycott ne se voit pas puisqu’il s’agit en réalité d’une non-action (ne pas acheter). Le boycott, dans cette articulation du collectif et de l’individuel, est assez unique en son genre : la mobilisation se déroule à distance, chacun agissant retranché dans la sphère domestique. Au total, sans porter de jugement sur la justesse des raisons que brandit Assalé Tiemoko au soutien de son action, on peut faire le constat que son appel au boycott n’a pas du tout prospéré. Cela dit, au-delà de toutes nos conjectures sur la pertinence du boycott ou pas, il parait nécessaire de mener l’analyse plus objectivement.

Le débat sur le Data mobile en Côte d'Ivoire doit être dépassionné et la réalité doit être regardé avec bienveillance, car, les passions sont le contraire de la patrie. Il faut donc s’armer de précaution dans notre jugement sur cette question d’une sensibilité particulière.

Les données issues du contexte ivoirien confirment que le développement de la téléphonie cellulaire a jusque-là eu un effet moteur sur la croissance économique. Aussi, certains témoignages suggèrent que l’utilisation de la téléphonie mobile  pour des raisons sociales revêt une importance économique non négligeable, en particulier en termes de réduction de la vulnérabilité. L’utilisateur du téléphone mobile peut aujourd’hui établir un contact permanent avec sa famille grâce à la téléphonie mobile, tout comme la possibilité lui est désormais offerte de faire des transferts d’argent, pour le règlement en urgence de certaines difficultés. 

D’une manière générale, la technologie, indicateur de progrès d’une civilisation, est le moteur du développement dans un monde aux contraintes de plus en plus complexes. Elle forme, avec l’innovation, un cercle vertueux orienté vers la réponse à donner aux besoins des peuples. C’est pourquoi, très rapidement, obéissant à un business plan consumériste inévitable, les opérateurs de la téléphonie mobile en Côte d’ivoire ont, au prix de grands sacrifices financiers, élargi les horizons d’un monde devenu un marché aux innombrables clients. Pour la plupart d’entre nous, le téléphone est devenu une solution permettant autant de rester en contact avec notre entourage, via internet (par mails ou réseaux sociaux), que d’entretenir notre magasin web, véritable plateforme de vente en ligne, par exemple. Le téléphone  apparait aussi comme un outil de recherche omniscient aux usages quasi infinis. Que dire de la technologique de la géolocalisation, des applications de géoguidage dont l’utilisation a permis de conquérir d’immenses espaces de marché.  Le téléphone occupe désormais une place centrale dans nos vies.

Pour nous faciliter la vie, les opérateurs économiques font des investissements sans commune mesure : des coûts gigantesques à supporter pour l’importation et l’installation de nouvelles technologies, de gros financements pour des reformes technologiques substantielles en vue de nous proposer une nouvelle expérience et bouleverser ainsi notre rapport à l’économie de marché désormais mondiale et immédiate. Par ailleurs, avec l’exponentielle croissance des échanges de données via les mobiles, des normes de sécurisation des échanges et des données ont été imposées, plus pragmatiquement, par les acteurs du secteur, souhaitant rassurer leurs clients.  La reconnaissance biométrique, la protection des opérations par code d’activation SMS ou mail, la sauvegarde permanente des données sensibles par système cloud par exemple, sont autant de technologies presque invisibles développées dans le but de sécuriser un marché et ses clients, et donc, d’en permettre la croissance économique. Dans cette panoplie singulière de bienfaits, on peut également évoquer le paiement direct par smartphone, via le protocole NFC, une technologie à fort impact permettant la dématérialisation des échanges monétaires et donc se substituant à l’argent liquide comme à tout autre mode de paiement (chèque, mandat, etc.).

Le passé et le présent, en termes d’innovations technologiques, sont riches, autant que l’avenir promet des produits répondant aux besoins et envies futurs. La téléphonie mobile de demain, gage d’une cité high-tech grâce aux opérateurs téléphoniques, répondant à notre soif de solutions originales à des problématiques non encore toutes cernées, sera le projet de l’industrie de demain en constante évolution et cherchant autant à nous émerveiller qu’à nous conforter en tant qu'utilisateurs de services de téléphonie mobile.  Le marché du business mobile se réinvente tous les jours avec les opérateurs mobiles ; l’innovation technologique au service du business mobile transcende les usages, car elle y répond et peut les créer.

Par Jean Clotaire Tétiali