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APRNEWS : Manque de testostérone - Quelles conséquences chez l'homme ?

APRNEWS - Manque de testostérone - Quelles conséquences chez l'homme ?
Dimanche, 18 février 2024

APRNEWS : Manque de testostérone - Quelles conséquences chez l'homme ?

APRNEWS - Manque de libido, fatigue anormale, troubles de la concentration... dans certains cas, ces symptômes peuvent indiquer un manque de testostérone chez l'homme. Comment le savoir ? À quel moment consulter un professionnel de santé et pourquoi ? Le point avec le Dr Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques.

APRNEWS - Manque de testostérone, de quoi parle-t-on ?

Le manque de testostérone, également connu sous le nom d’hypogonadisme ou de déficit en testostérone (DF), se réfère à une condition dans laquelle le corps ne produit pas suffisamment d’hormones sexuelles masculines (la testostérone).

La testostérone chez l'homme, c'est quoi ? Quel est son rôle ?

C’est une hormone fabriquée principalement par les testicules chez l’homme. Elle joue un rôle important dans la fabrication de nouveaux globules rouges, l’augmentation de la masse et de la force musculaire, la santé sexuelle ainsi que le maintien de la production de sperme et l’amélioration de la densité osseuse.

Déficit en testostérone et andropause, quelles différences avec la ménopause ?

« Le terme "andropause" est utilisé en raison de sa ressemblance avec la ménopause mais les professionnels de santé s’entendent aujourd’hui pour employer la terminologie de déficit en testostérone (DT) », explique un article de l’AFU (Association française d’urologie) (source 1). Chez l’homme, la diminution du taux de testostérone est progressive (1 % par an à partir de 30 ans) et variable selon les personnes.

À savoir aussi : le déficit en testostérone est souvent un phénomène partiel, alors que la ménopause représente l’arrêt définitif de la production d’œstrogènes et de progestérone.

"Pourquoi je suis en manque de testostérone ?" Les causes possibles

Causes physiologiques

« Avec l’âge autour de 60/70 ans généralement, le taux de testostérone diminue. On parlera d’hypogonadisme », explique le Dr Jean-Michel Lecerf.

Causes pathologiques

« Des problèmes médicaux tels que des troubles hormonaux, des traumatismes aux testicules, des maladies chroniques (type diabète), des maladies hépatiques, des traitements médicaux tels que la chimiothérapie ou encore des conditions génétiques comme le syndrome de Klinefelter (anomalie due à la présence d’un chromosome X supplémentaire) », illustre le médecin, spécialiste en endocrinologie.

Des tumeurs pituitaires (situées près de la glande pituaire dans le cerveau dite aussi l'hypophyse"), le VIH/sida, mais aussi une hygiène de vie défavorable, caractérisée par un stress excessif, un manque de sommeil, une mauvaise alimentation ainsi que la sédentarité peuvent également contribuer à un niveau réduit de testostérone. Sans oublier, la prise de certains médicaments dont les anabolisants stéroïdiens.

Quels sont les symptômes d’un déficit en testostérone ?

Les symptômes d’un manque de testostérone (DT) sont variés. On peut les classer en deux catégories : les symptômes sexuels et non sexuels :

 

  • « Les symptômes sexuels : baisse de libido, difficulté à obtenir ou à maintenir une érection, perte des érections nocturnes… », rapporte l’Association française d’urologie (source 1).
  • Les symptômes non sexuels : "les plus fréquents sont la fatigue, la diminution de la masse musculaire, l'augmentation du tissu adipeux, l'irritabilité, la mauvaise mémoire, des bouffées de chaleur, la diminution de la pilosité corporelle, la baisse de l’humeur accompagnée parfois d’un état dépressif.

 

La testostérone : un lien évident avec les os

Comme l’œstrogène est important pour la santé des os chez la femme, la testostérone est importante pour la solidité des os chez l’homme, au risque d’encourir un risque accru d’ostéoporose et de fractures.

En cas de symptômes, qui consulter ? Quels examens faire ?

C’est le médecin généraliste qui sera le premier professionnel de santé à consulter en cas de symptômes ou de simple suspicion de déficit en testostérone. « Celui-ci redirigera ensuite vers un ou plusieurs spécialistes (endocrinologue, sexologue ou urologue) qui prendront en charge ce trouble et pourront déterminer un plan de traitement approprié », poursuit le Dr Lecerf.

Comment se passe le diagnostic médical ?

En cas de diagnostic ou de suspicion de déficit en testostérone, le professionnel de santé procédera à une anamnèse (questions faites au patient pour notamment comprendre ses antécédents médicaux et familiaux), ainsi qu’à un examen physique et des tests de laboratoire.

Examen physique

Le médecin examine différents points du patient :

 

 

Tests de laboratoire

Une prise de sang avec dosage de la testostérone totale peut, au besoin, être réalisée. « Il conviendra cependant de prendre les résultats avec prudence », avertit le médecin urologue, Antoine Faix, dans un article de l’Association française d’urologie (AFU) (source 1). « Les normes des laboratoires sont restrictives, et bien que l’on retienne le seuil de 3,5 ng/ml, un taux apprécié comme normal ne l’est pas automatiquement pour tous les patients. Il ne faudra donc pas hésiter à réaliser un traitement d’épreuve en cas de suspicion forte sans argument biologique. »

Il ajoute : « Le dosage de la testostérone totale ne paraît pas être le meilleur reflet de la testostérone pour tous les patients. En effet, avec l’âge, la globuline liant les hormones sexuelles, la Sex Hormone Binding Globulin (SHBG), augmente. Cette glycoprotéine se lie aux hormones sexuelles, en particulier à la testostérone. Une part plus importante de la testostérone va se lier à cette protéine et donc en réalité être inactivée ». Ainsi, un meilleur reflet hormonal serait obtenu par le dosage de la testostérone biodisponible ou mieux, de la testostérone libre. 

Rappel : avant toute prescription de traitement, le médecin devra « dans tous les cas s’assurer de l’absence de cancer de la prostate, par toucher rectal et par dosage de PSA (antigène prostatique spécifique) total », insiste le Dr Lecerf, médecin nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques.

Comment faire remonter le taux de testostérone ? Les traitements disponibles

Plusieurs solutions permettent aujourd'hui d'augmenter son taux de testostérone : 

 

  • Les capsules à prendre par voie orale au cours des repas : elles sont remboursées par la Sécurité sociale. Cependant, elles n’offrent pas des concentrations stables de testostérone et leur absorption fluctue en fonction de la teneur en lipides des repas.
  • Le gel transcutané : en application quotidienne, il offre une bonne stabilité des concentrations de testostérone. Il n’est toutefois pas remboursé par la Sécurité sociale.
  • "L’injection intramusculaire à raison d’une fois ou deux par mois :  « Une injection toutes les 2 à 4 semaines est remboursée par la Sécurité sociale », précise le site de l’AFU (source 1).

 

L’efficacité et la tolérance du traitement s’évalueront généralement entre 3 et 6 mois après l’initiation thérapeutique. Et outre le dosage biologique de la testostérone, une réévaluation clinique complète du patient sera nécessaire, sachant que certains symptômes peuvent mettre plus de temps à s’améliorer.

Quels sont les effets secondaires de l’utilisation de la testostérone ?

Les effets potentiels de la thérapie à la testostérone peuvent être les suivants : irritation de la peau(acné, rougeur…), problèmes de respiration pendant le sommeil (apnée du sommeil), problèmes de foie, gynécomastie (prolifération bénigne de graisse ou de glandes mammaires chez l’homme), polyglobulie (augmentation anormale de l’hémoglobine et du nombre des globules rouges dans le sang), hypertension, aggravation d’un cancer de la prostate (s’il y a)…

Contre-indications liées aux hormones de remplacement ?

« Un supplément en testostérone sera essentiellement déconseillé chez les patients atteints d’un cancer de la prostate », prévient le Dr Lecerf. Mais aussi, en cas de maladies hépatiques graves.

Sources

Entretien réalisé avec le Dr Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste, spécialiste en endocrinologie et maladies métaboliques ; aussi auteur de plusieurs ouvrages dont « Le surpoids, c’est dans la tête ou dans l’assiette » et plus récemment « 40 Idées fausses sur les régimes », aux éditions Quae.

Source 1 : « Déficit en testostérone : de nouvelles recommandations pour améliorer la prise en charge », AFU