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APRNEWS : Cet additif alimentaire favorise l'intolérance au gluten selon une étude

APRNEWS - Cet additif alimentaire favorise l'intolérance au gluten selon une étude
Lundi, 26 février 2024

APRNEWS : Cet additif alimentaire favorise l'intolérance au gluten selon une étude

APRNEWS - Présent dans de très nombreux aliments, le dioxyde de silicium favoriserait l’intolérance au gluten, également appelée maladie cœliaque, selon des expériences menées sur la souris par une équipe de l’Inrae deToulouse.

APRNEWS - En quelques jours, les alertes scientifiques s’accumulent sur l’effet sur la santé des additifs alimentaires. À partir d’une étude épidémiologique, des chercheurs de l’Inserm ont détecté une association possible entre un risque accru de cancers du sein et de la prostate et l’ingestion d’une famille d’émulsifiants.

C’est avec des expériences menées sur la souris que des chercheurs de l’unité Toxalim de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) en collaboration avec l’université McMaster au Canada, ont mis en exergue une relation entre l’ingestion de l’additif E551, ou dioxyde de silicium, et une plus grande susceptibilité à développer une maladie cœliaque. Ces travaux viennent d’être publiés dans la revue Environmental Health Perspectives.

Qu'est-ce que le E551 ?

Pourquoi s’intéresser au E551 ? "Cette substance d’origine non naturelle constituée de nanoparticules inférieures à 100 nanomètres est largement utilisée dans l’industrie alimentaire pour éviter la formation de grumeaux dans des aliments secs ou en poudre comme les soupes lyophilisées, les préparations infantiles à base de céréales, les cafés solubles, les poudres chocolatées, etc, détaille Éric Houdeau, chercheur au sein du laboratoire Toxalim et co-auteur de l’article. Notre laboratoire a déjà montré la toxicité du dioxyde de titane, le E171, interdit en France depuis 2020 et 2022 en Europe. Il était logique de s’intéresser au dioxyde de silicium qui a une structure proche."

La seule production de dioxyde de silicium pour la France varie de 10.000 à 100.000 tonnes par an mais avec des usages variés, pas seulement alimentaires. Il n’est pas uniquement utilisé dans le produit prêt à la consommation. Il intervient également en cours de fabrication, ce que l’industriel n’est pas obligé de mentionner sur l’emballage. Les consommateurs sont donc en contact quasi-quotidien avec cette substance, pour des effets jusqu’ici inconnus.

Les cas de maladie cœliaque augmentent dans le monde sans qu'on sache très bien pourquoi

L’équipe franco-canadienne s’est donc interrogée sur l’impact de cette substance sur le système immunitaire intestinal. "Nous avons exploré son effet sur la tolérance orale aux protéines alimentaires, une fonction digestive essentielle qui consiste à bloquer les réactions immunitaires inflammatoires dirigées contre les protéines des aliments que l’on vient de consommer',poursuit Bruno Lamas, chercheur à Toxalim et également auteur de l'étude.

Ce système immunitaire se met en place dès les premiers moments de la vie et son dysfonctionnement favorise le développement d’allergies alimentaires (arachides, lait de vache, poissons, crustacés, etc.) et de l’intolérance au gluten qui provoque la maladie cœliaque. Cette pathologie se traduit par une inflammation de l’intestin, des douleurs abdominales, des diarrhées, et provoque un amaigrissement des personnes atteintes. Son occurrence augmente de par le monde, principalement dans les pays occidentaux sans qu’on en connaisse les raisons. "40% de la population mondiale est génétiquement susceptible de développer une telle pathologie, mais 1% la développe réellement et les médecins estiment que la cause provient de facteurs environnementaux comme le stress, des maladies infectieuses, ou encore l’ingestion d'aliments ultratransformés", précise Bruno Lamas.

Pour la première fois, l'effet de l'additif E551 est démontré

Les chercheurs ont exposé des souris au E551 quotidiennement pendant trois mois selon des quantités cohérentes avec celles ingérées par les humains. Ils ont constaté une réduction de la tolérance aux protéines alimentaires et la survenue d’inflammations intestinales, preuve de l’émergence d’une intolérance aux aliments ingérés. La cause ? "L’additif réduit le nombre de cellules immunitaires intestinales produisant les molécules anti-inflammatoires qui favorisent la tolérance aux aliments",pose Éric Houdeau.

En utilisant un modèle de souris génétiquement proche d’humains atteints de maladie cœliaque, les chercheurs ont par ailleurs démontré que l’exposition au E551 aggravait cette maladie chronique. C’est la première fois qu’un effet nocif est démontré pour cet additif jusqu’ici considéré comme sûr et que l’industrie utilise en routine depuis un demi-siècle.

Les chercheurs vont poursuivre leurs recherches sur l’additif pour permettre une réévaluation du E551 compte tenu de ces nouvelles observations. Des travaux devront également être menés sur l’effet de l’additif non plus sur les cellules intestinales mais aussi sur le microbiote. De plus, les études ne prennent pour l’instant en compte que l’effet d’une substance seule. Or celle-ci est ingérée en compagnie d’autres parmi les 350 additifs actuellement autorisés en Europe. Il faudra donc regarder les synergies possibles entre substances dans un potentiel effet cocktail.