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La Somalie dans une nouvelle impasse politique et sécuritaire

Aprnews - Mohamed Abdullahi Mohamed - Farmajo - Actualité - Somalie
Mercredi, 8 septembre 2021

La Somalie dans une nouvelle impasse politique et sécuritaire

La Somalie se trouvait dans une impasse politique et sécuritaire mercredi, paralysée par un conflit entre le président et le Premier ministre autour du remplacement du directeur des services de renseignements, au coeur d'une vive polémique ces derniers jours.

AFRICA RADIO

Les tensions entre le chef de l'Etat Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre Mohamed Roble se cristallisent autour de la mystérieuse disparition d'Ikran Tahlil, employée du service de cybersécurité de l'Agence nationale de renseignements et de sécurité (Nisa) enlevée à Mogadiscio le 26 juin.

Le Premier ministre a affirmé mercredi que le président "entravait" l'enquête et que ses récentes décisions constituaient une "menace existentielle dangereuse pour le système de gouvernance du pays".

Cet énième conflit au sommet de l'Etat, qui a cette fois pour épicentre le principal rouage de la lutte contre l'insurrection jihadiste shebab, inquiète alors que le pays attend toujours la tenue de l'élection présidentielle qui devait se tenir avant février.

M. Roble avait annoncé dimanche le limogeage du directeur de l'agence Fahad Yasin, un intime de Farmajo, et nommé un remplaçant.Le Premier minitre avait notamment jugé l'enquête de la Nisa sur la disparition d'Ikran Tahlil -qui accuse les jihadistes shebab- "pas convaincante".

La présidence a annulé lundi la décision "illégale et inconstitutionnelle" de M. Roble, puis annoncé dans la nuit de mardi à mercredi le nomination de Fahad Yasin au poste de conseiller à la sécurité du président, désignant son propre remplaçant à la tête de l'agence de renseignements.

Tension et divisions

La Nisa a annoncé mercredi matin que son nouveau directeur par interim, le colonel Yasin Abdullahi Mohamud, avait pris ses fonctions à la tête de l'agence.

Plusieurs sources ont indiqué à l'AFP que la sécurité a été renforcée autour du siège de la Nisa, où les divisions gagnent les officiers supérieurs de l'agence. 

"La situation reste tendue et les gens de l'agence sont confus maintenant.Certains des officiers supérieurs semblent avoir pris parti", a déclaré à l'AFP un agent de la Nisa, sous couvert d'anonymat. 

Des sources ont déclaré que des membres de l'unité spéciale "Duufaan" de la Nisa, étroitement liée à la présidence, ont été vus gardant le bâtiment mercredi matin avec des véhicules blindés. 

Des journalistes de plusieurs médias d'Etat ont par ailleurs déclaré à l'AFP avoir reçu l'ordre de ne pas diffuser les communications de Farmajo.

"Le ministre nous a dit de cesser de rendre compte des affaires du Bureau du président liées au conflit politique", a déclaré à l'AFP un employé du ministère de l'Information, sous couvert d'anonymat.

Rivalité ouverte

Farmajo, dont le mandat de quatre ans a expiré en février sans que de nouvelles élections aient pu être organisées, et le Premier ministre, nommé en septembre 2020, se livrent depuis plusieurs mois à une rivalité de plus en plus ouverte.

M. Roble a été chargé par Farmajo en mai d'organiser les élections, pour tenter d'apaiser les tensions nées de l'annonce de la prolongation pour deux ans de son mandat.Ces tensions avaient culminé avec des affrontements armés à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.

Mohamed Roble est parvenu à un accord sur un calendrier électoral, avec pour horizon une élection du président le 10 octobre.

Ce processus a déjà pris du retard.La désignation des membres de la Chambre basse, dernière étape avant l'élection du chef de l'Etat selon le complexe système électoral indirect somalien, doit désormais se tenir entre le 1er octobre et le 25 novembre.

Dans un communiqué commun mardi, l'ONU, les États-Unis, l'UE et l'organisation est-africaine Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) ont "exhorté les dirigeants somaliens à désamorcer la confrontation politique" et demandé "une enquête crédible sur la disparition d'Ikran et l'achèvement du processus électoral sans plus tarder."

De nombreux observateurs estiment que l'impasse électorale a détourné l'attention d'autres sujets cruciaux pour la Somalie, notamment l'insurrection jihadiste shebab. 

Bien qu'évincés de Mogadiscio en 2011, les shebab contrôlent toujours de vastes zones rurales du pays et mènent régulièrement des attentats dans la capitale.

Aprnews avec AFP