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APRNEWS - Tchad : 71 orpailleurs ont fui la Libye pour regagner N’Djamena

Orpaillage clandestin - fuite - fait divers
Lundi, 11 juillet 2022

APRNEWS - Tchad : 71 orpailleurs ont fui la Libye pour regagner N’Djamena

APRNEWS - Déportés de leurs localités à la recherche de l’or à Kilindi Kebbir en Libye, 71 jeunes Tchadiens ont regagné N’Djamena le 7 juillet dernier. Ils sont à 90% malades, selon le président du Groupe de solidarité de la sous-préfecture de Ndidje Bôh, Thouga De Gallois William qui les a accueillis.

APRNEWS - Ils sont 71 orpailleurs à regagner N’Djamena le 7 juillet courant. Ces jeunes ont été accueillis par le Groupe de solidarité de la sous-préfecture de Ndidje Bôh de N’Djamena, et sont logés dans une école à Farcha, dans le 1er arrondissement de la capitale après un long voyage (plus d’un mois) : de Libye en passant par Kouri 60, Kouri Bougoudi, Wour, Abéché, avant de fouler le sol de la capitale.

Des décès faute d’eau

Ils ont fui la Libye, suite aux conditions de vie « difficiles » pour Kouri 60, Kouri Bougoudi, Wour puis acheminés à Abéché par les autorités militaires.  En cours de route, plusieurs d’entre eux ont trouvé la mort faute d’eau selon leur témoignage. « Il n’y a rien à manger, ni à boire…nous n’avons pas de véhicule à monter pour venir à Kouri 60. De là, on a quitté à pied pour venir dans une localité située à 60 km de Kouri Bougoudi. Arrivés à quelques kilomètres on n’avait pas d’eau à boire. Il y a des gens qui sont tombés en cours de route », témoigne difficilement l’un d’eux du nom Dekoudnagué, marié et père de trois enfants.

Ils sont âgés entre 12 à 51 ans et sont physiquement fatigués. Selon le président du Groupe de solidarité de la sous-préfecture de Ndidje Bôh, Thouga De Gallois William, ils sont à 90% souffrant. « Nous avons fait venir un infirmier qui les a auscultés. Tous disent qu’ils ont mal à la poitrine. C’est le travail, creuser à chaque fois et c’est maintenant qu’ils commencent à sentir les séquelles de ce qu’ils faisaient. Il y a un cas de dysenterie détecté et un autre de toux avec du sang. On les a amenés à l’hôpital ».  

Mobiles de leur départ en Libye

La plupart d’entre eux ont été déportés de leur localité dans les cantons Makoubou et Begouloh dans la sous-préfecture de Dindje boh (Province du Moyen Chari) par un entrepreneur, fils d’un commerçant à Kyabé, direction Kilindi Kebbir en Libye.  Selon leurs témoignages, certains ont quitté leur localité il y a trois ans, d’autres deux, un an ou dans un passé récent. Beaucoup d’entre eux indiquent avoir fui les exactions des éleveurs au sud du pays.

« Au village je laboure mais je n’ai rien. Quand tu laboures, les bœufs broutent tout. Et si tu amènes l’éleveur chez le chef de canton ou village, il te dira que les bœufs appartiennent à tel chef de brigade, com légion, etc.  C’est ce qui nous a poussés à aller à la recherche de l’or », a témoigné Dekoudnagué.

Après plusieurs mois passé en Libye, ces jeunes rentrent main bredouille.  « Dans les lieux où on a travaillé, on mange à crédit, et même l’eau chez les ravisseurs. Au fur et à mesure si tu trouves de l’or tu rembourses les frais de nourriture. Nous sommes comme des esclaves, est-ce qu’un esclave mange bien? Non, on ne mange pas bien ».

Phénomène récurrent

La ruée vers la zone aurifère est récurrente ces dernières années. Il n’y a pas de statistiques officielles sur ce phénomène mais le président du Groupe de solidarité de la sous-préfecture de Ndidje Bôh, Thouga De Gallois William, parle de milliers de bras valide qui ont fui leurs communautés. « Je n’ai pas de statistiques générales mais avant hier on avait appelé au village et ce sont 50 jeunes qui ont quitté d’un seul village en train de vouloir partir dans la zone de l’or. »

Source: Tchad Infos