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APRNEWS : Sepsis - Tous unis contre un fléau méconnu

APRNEWS - Sepsis - Tous unis contre un fléau méconnu
Dimanche, 25 février 2024

APRNEWS : Sepsis - Tous unis contre un fléau méconnu

APRNEWS - Le sepsis est très mal connu des professionnels de santé. Or cette affection, dont une nouvelle définition a été élaborée en 2016, est associée à une lourde morbi-mortalité. La communauté scientifique internationale s’est donc mobilisée en créant la Global Sepsis Alliance. En ce qui concerne la France, un rapport au Directeur général de la Santé, qui vient d’être rendu public, propose des mesures qui devraient être mises en œuvre pour lutter contre ce "fléau méconnu".

APRNEWS - 2017, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé l'ensemble des états à réagir pour lutter contre le sepsis, en menant différentes actions, notamment auprès des professionnels de santé et du grand public. La communauté scientifique internationale s'était déjà fortement mobilisée au sein de la Global Sepsis Alliance et plusieurs pays se sont déjà investis dans ce projet, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, "afin de répondre à la résolution de l'OMS". En France, le Directeur général de la Santé a commandé un rapport sur le sujet qui vient d'être rendu public, élaboré par le Pr Djillalli Annane, chef du service de médecin intensive-Réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré. Le titre éloquent du document  « Sepsis - Tous unis contre un fléau inconnu », montre bien l'importance du problème. En effet, hormis les spécialistes qui y sont fréquemment confrontés, la plupart des professionnels de santé, ainsi que la population générale, ignorent ce que le sepsis est précisément. Or il s'agit d'une pathologie associée à une très forte morbi-mortalité (la moitié des survivants ont des séquelles cognitives) alors que son pronostic pourrait être amélioré grâce à un diagnostic précoce et une prise en charge plus homogène.

Septicémie, sepsis, choc septique : quelle terminologie ?
Plusieurs termes ont été employés successivement, comme septicémie, syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS), état septique, sepsis grave : ils doivent tous être abandonnés au profit de « sepsis » et « choc septique ».
Selon les sociétés européennes et américaines de réanimation, le sepsis est défini "comme un état aigu de dysrégulation de la réponse de l'organisme à une infection (bactérienne, virale, fungique ou parasitaire) entraînant la perte de fonction des organes et un risque vital pour le patient. Lorsque cet état aigu est caractérisé par une défaillance circulatoire et une souffrance cellulaire majeure, l'appellation de choc septique est utilisée".
 
Sepsis = infection + score SOFA > ou = 2
De façon plus pratique, en réanimation, un sepsis correspond à :

 
Le choc septique correspond à :

  • à la présence d'une infection,
  • la nécessité d'utiliser des catécholamines en perfusion continue pour maintenir une pression artérielle normale
  • et une concentration artérielle de lactates supérieure à 2 mmol/l (ce qui indique une souffrance cellulaire).

 
Un indicateur d'alerte facile à utiliser : le Quick SOFA
Hors services spécialisés, un indicateur d'alerte beaucoup plus simple que le score SOFA (qui nécessite des examens biologiques et l'évaluation du score de Glasgow) a été établi de façon à détecter précocement, en cas d'infection, le risque de développer un sepsis : le Quick SOFA ou qSOFA. Il ne contient que 3 items :
1- Baisse de la pression artérielle systolique ? 100 mmHg,
2- Augmentation de la fréquence respiratoire ? 22 cycles par minutes,
3- État d'obnubilation ou de confusion.  
 
Quand au moins 2 de ces 3 critères son présents chez un patient ayant une infection, ce dernier doit être considéré comme à très haut risque de développer un sepsis. À noter que, chez l'enfant, cette définition ne peut être utilisée : la dernière définition pédiatrique date de 2005 et doit être actualisée.
 
Quel profil à risque de sepsis ? 
L'OMS estime à 30 millions le nombre de personnes atteintes de sepsis chaque année et à près de 6 millions le nombre de décès, soit, dans les pays industrialisés, autant que le nombre de morts par infarctus du myocarde.
Dans les pays en voie de développement, ce sont plutôt les sepsis néonataux et puerpéraux qui dominent. Le risque de sepsis peut en effet concerner de nombreuses personnes, de tous âges et dans tous les pays.
En France, comme ailleurs, il n'existe pas de données épidémiologiques nationales. Selon l'Institut Pasteur, du fait du vieillissement de population et de la plus grande fréquence du sepsis aux âges extrêmes de la vie, sa fréquence devrait certainement être amenée à augmenter. 
 
La sensibilisation des professionnels de santé 
Parmi les différentes préconisations du rapport, figure la sensibilisation des professionnels de santé, qui, pour la plupart, ne connaissent pas ou peu le sepsis. Ainsi, il est proposé une diffusion des messages-clés aux médecins généralistes, aux autres médecins de soins primaires, aux médecins et chirurgiens spécialistes, aux pharmaciens et aux paramédicaux, qu'ils exercent en ville ou à l'hôpital.  
Si en présence d'une infection, 2 sur les 3 critères du qSOFA sont atteints :
- En ville : appeler le SAMU.
- À l'hôpital : alerter le référent sepsis, sinon le réanimateur, l'infectiologue ou l'urgentiste.
Des recommandations internationales pour la pratique clinique sont aussi disponibles en français et régulièrement actualisées.

La sensibilisation du grand public
L'errance thérapeutique et la prise en charge hétérogène du sepsis font que les patients sont exposés aux mêmes difficultés que ceux ayant une maladie rare. La sensibilisation du grand public est donc aussi prônée.
Dans le rapport au Directeur général de la Santé, il est proposé d'informer le grand public que toute infection est susceptible, à n'importe quel moment, de se transformer en sepsis, mais qu'il ne faut pas "se précipiter sur les antibiotiques". Un message similaire à celui délivré aux professionnels de santé est préconisé : "Vous avez une infection ET des difficultés à respirer ET/OU le cœur qui bat vite ET/OU vous êtes confus ou vous avez des troubles de la vigilance [...] si vous pensez avoir un sepsis, il faut appeler le SAMU".

De nombreuses autres actions à mettre en œuvre
Définir un parcours de soins spécifique, dispenser une formation aux professionnels de santé et un enseignement aux étudiants en médecine, améliorer le codage, financer et promouvoir la recherche dans ce domaine et assurer un suivi épidémiologique national sont autant d'autres préconisations figurant dans le rapport.