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APRNEWS : L’Ethiopie attend toujours une restructuration de sa dette

L’Ethiopie attend toujours une restructuration de sa dette
Lundi, 19 juin 2023

APRNEWS : L’Ethiopie attend toujours une restructuration de sa dette

APRNEWS - Classé à haut risque de surendettement, le pays a sollicité en 2021 le « cadre commun », réunissant les créanciers du Club de Paris et la Chine pour tenter d’alléger sa dette. Mais les négociations patinent.

APRNEWS - Deux ans et presque aucune avancée. Début 2021, l’Ethiopie avait demandé à participer au cadre commun de restructuration de la dette, cette instance mise en place par le G20 pour faire coopérer la Chine et les grands Etats créanciers du Club de Paris. Mais alors que le pays était plongé dans un conflit sanglant opposant les autorités aux rebelles de la région du Tigré, les négociations se sont enlisées.

L’accord de paix signé en novembre 2022 a fait renaître l’espoir d’une percée dans les discussions. Outre un allègement de sa dette, Addis-Abeba demande une assistance du Fonds monétaire international (FMI) pour financer les besoins d’après-guerre, que le gouvernement estime à 20 milliards de dollars (18,4 milliards d’euros). Mais les deux requêtes font du surplace, chacune des parties se renvoyant la responsabilité d’avancer en premier.

« Tout accord sur un nouveau programme entre le FMI et l’Ethiopie nécessiterait des engagements clairs de la part des partenaires de développement et des garanties de financement de la part des créanciers au titre du cadre du G20 », indiquait le 11 mai l’instance financière. De son côté, le Club de Paris dit attendre un accord entre l’Ethiopie et le FMI avant de se prononcer.

Addis-Abeba, dont la dette extérieure culmine à 27,4 milliards de dollars (27,1 % du PIB), est désormais classé en risque élevé de surendettement. La surévaluation du taux de change, la faiblesse des exportations et l’augmentation du service de la dette rendent le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique particulièrement vulnérable.

Une échéance en 2024

Autrefois surnommée « le lion africain », l’Ethiopie a emprunté lourdement auprès de la Chine lors des années 2010 pour financer ses mégaprojets d’infrastructures, comme le grand barrage de la Renaissance, la ligne de chemin de fer vers Djibouti, ou encore le tramway d’Addis-Abeba. Elle s’est aussi risquée sur les marchés financiers, levant un milliard de dollars d’eurobonds en 2014, un emprunt dont l’arrivée à échéance, fin 2024, se rapproche dangereusement.

En 2018, la Chine avait déjà accordé un report de paiement (de dix à trente ans) d’une partie de ses prêts et serait à nouveau disposée à restructurer certaines créances éthiopiennes hors du cadre commun du G20. D’après Alex Demissie, économiste au sein du China Africa Advisory Group, la société chinoise d’assurance-export et de crédit Sinosure pourrait renégocier les termes d’environ quatre milliards de dollars d’emprunts éthiopiens.

Mais au sein du cadre commun, dont il préside le comité des créanciers au côté de Paris, Pékin fait traîner les discussions, réclamant un partage des pertes avec les acteurs multilatéraux. « Nous espérons que les organisations financières multilatérales jouent un rôle actif dans l’allègement de la dette des pays en développement », assurait ainsi le ministre des affaires étrangères, Qin Gang, en mars. Car si la Chine détient 77 % du stock de dette bilatérale éthiopienne, elle ne représente « que » 23 % de la dette extérieure totale, selon des chiffres de 2021, contre plus de la moitié pour les créanciers multilatéraux.