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Comment Donald Trump construit sa légende à coup de faits alternatifs

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Vendredi, 15 octobre 2021

Comment Donald Trump construit sa légende à coup de faits alternatifs

Donald Trump refait parler de lui. Exclu des grandes plateformes numériques après les événements du Capitole le 6 janvier 2021, l’ancien président des États-Unis est néanmoins de retour en meeting, où il affiche toujours le même déni face à son échec électoral de novembre 2020, avec une volonté d'effacer le souvenir des violences du Capitole, autant de signaux inquiétants pour la démocratie américaine.

Tout en proposant de « sauver l’Amérique », Donald Trump met les institutions américaines à rude épreuve. Son discours reste inchangé depuis près d’un an. Il n’est pas un opposant comme un autre. Ses critiques à l’égard du pouvoir actuel apparaissent à l’arrière-plan de sa stratégie. Avant toute chose, il ne cesse de marteler : « Je n’ai rien concédé », et continue de pousser le récit d’une victoire usurpée, entachée de fraudes massives, en dépit de l’échec des recours en justice. 

Dans sa volonté de réécrire l’histoire, l’ancien président s’évertue également à effacer des mémoires le souvenir des violences commises au Capitole le 6 janvier 2021, lorsque ses partisans ont tenté d’empêcher le Congrès de certifier l’élection de Joe Biden. 

La résilience des institutions en cause 

Le combat est asymétrique entre une administration qui emploie les voies légales et un ancien président qui n’a pas hésité avant de quitter le pouvoir à faire pression sur le ministère de la Justice pour obtenir de ses responsables qu’ils adhèrent à sa version des faits sur l’issue du scrutin. Ses multiples tentatives sont documentées, de même que son rôle dans l’organisation du mouvement insurrectionnel qui a conduit une partie de ses sympathisants à envahir le siège du Congrès. 

Mais la commission spéciale en charge de faire la lumière sur ces événements n’est pas sûre de pouvoir mener à bien ses travaux d’ici aux élections de mi-mandat en novembre 2022. Parmi les proches de Donald Trump convoqués par la Commission, certains tentent de se dérober. Steve Bannon, l’ancien conseiller du président, aurait dû être auditionné jeudi 14 octobre, mais ne s’est pas présenté au Congrès. Son témoignage est capital. La commission cherche à établir son influence auprès de Donald Trump en amont des événements du Capitole, alors qu’il n’exerçait plus de responsabilités officielles. Il pourrait faire l’objet de poursuites pour entrave au travail du Congrès. Peu lui importe, il joue la montre. Le débat juridique pourrait considérablement ralentir les travaux de la commission spéciale. Si le parti républicain l’emporte en novembre 2022, qu’adviendra-t-il de cette commission d’enquête ?   

L’échéance critique des mid-terms 

Au bout du compte, c’est la démocratie en elle-même le système électoral et le principe de l’alternance qui se trouvent fragilisés par cette rhétorique, et non seulement un parti et une équipe dirigeante. Le parti républicain, lui aussi, est sous pression. On a vu lors du meeting de Des Moines en Iowa le sénateur américain Chuck Grassley, qui compte prochainement se représenter, monter sur scène aux côtés de Donald Trump et déclarer : « Si je n’acceptais pas le soutien d’une personne qui a 91% des votes républicains dans l’Iowa, je ne serais pas très malin ».

Ce même sénateur a pourtant voté l’investiture de Biden. Il y a quelques mois encore, il taxait Donald Trump d’« irresponsable » pour sa contestation des résultats. À mesure que les élections de mi-mandat se rapprochent, les rangs de ceux qui pensent pouvoir se passer du soutien de Donald Trump s’éclaircissent.  

QAnon toujours à la manœuvre ?  

Sans qu’il soit réellement possible de mesurer l’ampleur du mouvement QAnon, les idées diffusées par les adeptes de la mouvance continuent de se répandre sur les réseaux. Et même si Donald Trump n’est plus là, sur Twitter, pour relayer certaines de leurs théories, d’autres plateformes hébergent ces comptes conspirationnistes de plus en plus radicaux.

Un certain Tom Watkins, l’un des instigateurs de QAnon, vient d’annoncer qu’il se présenterait en Arizona, s’affichant en photo sur Telegram aux côtés de Kari Lake, candidate au poste de gouverneur, soutenue par Donald Trump. C’est une partie de l’électorat à laquelle l’ancien président semble tenir, lui qui demandait cette semaine que justice soit rendue pour Ashley Babitt, l’une des égéries de la mouvance, décédée lors de l’assaut du Capitole. Dans sa marche vers le retour au pouvoir, Trump joue sur deux registres antagonistes, le victorieux et le victimaire.  

Aprnews avec Rfi