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APRNEWS : Congrès extraordinaire du Pdci, le réalisme ou la mort !

Aprnews - Thierry Tanoh, Tidjane Thiam, Akossi Bendjo, Jean Louis Billon
Mercredi, 15 mars 2023

APRNEWS : Congrès extraordinaire du Pdci, le réalisme ou la mort !

APRNEWS - Après moult hésitations et incompréhensions entre ses membres, le parti démocratique de Côte d’ivoire a réussi à fixer la date de la tenue de son congrès extraordinaire. L’issue de celui-ci préfigurera ou campera, à n’en point douter, le décor du congrès ordinaire dont les résolutions sont attendues avec impatience et appréhension

APRNEWS - Maintes fois repoussée, la rencontre du 30 mars prochain devra déterminer la date et les thèmes qui seront débattus pendant le congrès ordinaire du Pdci. L’occurrence devrait permettre au Parti démocratique de Côte d’Ivoire de mettre ses animateurs en ordre de bataille pour rebâtir les infrastructures, repenser la superstructure de la formation politique ; travailler avec abnégation dans l’union et la solidarité, en prélude à l'élection présidentielle de 2025. Cette régénérescence profonde est d’autant plus nécessaire et urgente que des velléités de positionnements individuels minent le parti. Et le problème est plus systémique, tant il est vrai que,  pour bon nombre de militants, il est ancré dans les règles de gestion de parti et un règlement intérieur obsolètes, et le jeu des intérêts particuliers qui rendent difficile, voire impossible, tout réajustement fonctionnel. A cela s’ajoutent tous ces mouvements centrifuges spectaculaires qui se soldent par le départ de membres influents du parti vers l’un de ses principaux adversaires, le RHDP.

En attendant de corriger les imperfections, il ne fait donc aucun doute que ce congrès extraordinaire sera celui des polarisations partisanes autour de militants désireux d’être portées au pinacle pour la candidature au fauteuil présidentiel.  On peut penser à Jean Louis Billon qui ne fait pas mystère de son intention de briguer la présidence de la République en 2025, même comme indépendant s’il le faut. On peut également faire allusion à Akossi Bendjo qui ne veut pas s’en laisser compter. On parle également de Thierry Tanoh, mais aussi et surtout du neveu de Félix Houphouët Boigny, Tidjane Thiam. Ce dernier dont l’approche est moins tonitruante, s’est acquitté de ses cotisations jusqu’en fin 2023, même s’il s’est jusque-là limité à dire qu’il reste « naturellement et définitivement membre du parti démocratique de Côte d’ivoire ». S’étant engagé de longue date à participer à un important sommet international les 30 et 31 mars, avant que la date du congrès extraordinaire ne soit fixée, Thiam sera presque sûrement absent du congrès extraordinaire de son parti. Même quand ses nombreux partisans soutiennent qu’il attache une grande importance aux activités de la réflexion, convaincu de l’assertion qui suggère que "ce sont les idées qui mènent le monde".  Donc, ne pouvant certes pas être présent en raison de certains engagements et du rythme contraignant de son actualité professionnelle, Thiam a donné son adhésion totale et son profond soutien à ce congrès extraordinaire.

Au total, les enjeux des différents congrès à venir sont ceux d’un PDCI  qui doit retrouver sa cohésion interne, contenir la trop grande indépendance d'esprit de certains de ses militants, corriger l’absence de conformisme et dissuader les individualismes, accroitre les dynamiques centripètes, mais aussi et surtout arracher à cette commission électorale prétendument indépendante, la garantie d’un scrutin transparent et crédible. Car, cette année électorale lui renverra sa propre physionomie et sa cartographie nationale, en prélude à l'élection présidentielle de 2025. L’enjeu majeur c’est enfin et davantage la justesse du choix du candidat à l’élection présidentielle. C’est la quadrature du cercle !  

Quel profil donc pour le candidat du Pdci, face à un adversaire qui possède tous les outils de la coercition? Un homme qui croit fermement dans la légitimité pragmatique de la dictature, un adversaire politique fort, inarrêtable et d’un réalisme machiavélien. Enfin, un compétiteur qui pourrait à tout moment, par des artifices juridiques, faire mettre aux arrêts ou invalider la candidature de chacun de ses contradicteurs pour être candidat unique à l’élection présidentielle. Il a le soutien de ses amis, tous, autorités politiques d’un Occident désormais imposé comme le centre de la légitimation. Le schéma est classique : des félicitations fusant de partout sont adressées au candidat-président-sortant, pour saluer « sa brillante réélection ». L’astuce est imparable pour dissuader toutes velléités de contestation  du scrutin, et le tour est joué.

A une telle hydre politique, il convient d’opposer un candidat qui a véritablement de la résilience, du cran, un homme respecté, écouté, aux qualités indéniables reconnues de par le monde, par les mêmes maîtres de l’ombre. Et non, un candidat qui, dès la première contrariété, gagnerait à toute vitesse l’Europe et se contenterait de mener, depuis sa nouvelle localisation, une opposition par contumace. Au total, pour les futures batailles du Pdci, le réalisme est requis. Il s’agit d’adopter cet esprit qui s’affirme à lui-même que nos représentations ou nos désirs sont une chose et que le monde, c’est-à-dire, la réalité extérieure, en est une autre. Ce qu’en son temps, Laurent dona Fologo appelait « la saine appréciation des réalités ». Oui, il faut s’arracher à l’ « allégorie de la caverne », c’est-à-dire fuir l’illusion d’optique faussement satisfaisante, arrêter de regarder des ombres et opérer le mouvement ascendant pour affronter courageusement la vérité, ce que Platon, métaphoriquement, appelait la morsure du soleil. Car, l’adversaire n’est pas simple !

Jean Clotaire Tétiali